Mon avis… L’homme tombé du ciel

TEVIS, Walter. L’homme tombé du ciel. Paris : Éditions Gallmeister, 2022. 273 p.

Chers lecteurs et chères lectrices,

Aujourd’hui, je vous présente mon avis sur le roman L’homme tombé du ciel écrit par Walter Tevis et publié aux Éditions Gallmeister.

Les personnes qui sont sur le Discord de Les paravers de Millina ont proposé, en septembre, de faire une lecture commune. Chacun a donné des idées de livres et les intéressés ont dû attribuer une note de 0 à 5 à chaque proposition. Parmi les titres listés, il y avait de nombreux Contes interdits, Blackwater, Les enfants du passé et bien d’autres. Au terme des votes, Anima de Wajdi Mouawad et L’homme tombé du ciel étaient à égalité! C’est finalement un jeton électronique qui a tranché pour L’homme tombé du ciel.

C’est ainsi qu’entre le 17 et le 30 octobre, j’ai effectué une lecture commune avec Les paravers de Millina, Ma lecturothèque et Mots et pelotes. L’objectif que nous avions était de lire un chapitre par jour. Cependant, les chapitres étaient courts et au final c’était frustrant! Nous sommes donc passés à deux chapitres par jour au début de la deuxième semaine.

4e de couverture

« Débarquant sur Terre en provenance d’un monde mourant, Newton est chargé d’une mission vitale. Une série de brevets inspirés par la haute technologie de sa planète lui permet d’atteindre rapidement son premier objectif : amasser une immense fortune. Mais, obligé de vivre caché, mal adapté à la forte gravité de la Terre, il souffre bientôt d’un mal-être existentiel bien humain. Plus grave encore, en dépit de sa prudence et de son camouflage, il commence à susciter un peu trop de curiosité. Que veut donc ce milliardaire fantasque et mystérieux? La situation devient vite inconfortable, car si les humains sont moins avancés que le peuple de Newton, ils sont aussi plus dangereux. »

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Premières lignes : L’homme tombé du ciel

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Mon avis…

Dès les premiers paragraphes, que dis-je, dès les premières lignes, j’ai été séduit par le style d’écriture de l’auteur. De mot en mot, nos yeux glissent facilement d’une phrase à l’autre sans buter sur des constructions grammaticales complexes ou des mots moins familiers. Tel un couteau dans le beurre, les chapitres défilent. Quel plaisir!

Ce livre est difficile à classer dans l’un des sous-genres de la science-fiction, car il présente de nombreuses caractéristiques issues de plusieurs sous-genres. Il est uchronique puisque la technologie a évolué plus rapidement que l’époque où se situe l’histoire. Il est dans le space opera, bien que ce soit au début du space opera, car Newton est un extraterrestre. Le roman comporte également des caractéristiques de la dystopie puisque l’époque où se situe l’histoire est en pleine Guerre froide.

Située entre 1985 et 1990, l’histoire se déroule durant les dernières années de la Guerre froide. Cette période, de 1945 à 1989, oppose, idéologiquement, l’OTAN (États-Unis, Canada, Japon, Europe de l’Ouest, etc.) et les membres du Pacte de Varsovie (URSS, Chine, Cuba, Europe de l’Est, etc.). Durant cette période, c’est une course à l’armement qui instaure un climat de terreur où la menace d’une guerre nucléaire est imminente.

C’est dans ce contexte que l’extraterrestre Anthéen Thomas Jerome Newton débarque sur terre. Il a pour ambition de gagner 500 millions de dollars en 5 ans! Walter Tevis concentre ses efforts sur deux chapitres afin de présenter les diverses facettes de l’étrange bonhomme qu’est Newton. Aussi bizarre soit-il, Newton est attachant et investi d’une mission qui demeure mystérieuse à ce moment de l’histoire.

Puis, devenant riche, Newton voit ses premiers problèmes se matérialiser sous la forme d’un ascenseur trop rapide où il se brise comme une allumette… C’est à ce moment que Betty Jo entre dans la vie de Newton.

Betty Jo est une femme qui survit grâce à l’aide sociale et qui n’a aucune aspiration à se trouver un travail. Ce personnage se révèle être quelque peu simplet, sexualisé et alcoolique. Néanmoins, Betty Jo se révèle être un formidable catalyseur qui humanise Newton.

Au cours de l’histoire, la route de Newton et de Betty Jo rencontrera celle du professeur Nathan Bryce. Las de sa vie de professeur et endeuillé par la mort de sa femme, Nathan boit afin de se sentir vivant et parfois d’oublier. Cependant, une invention de Newton ranime la passion éteinte que le professeur avait perdue et stimule la curiosité envers la société de Newton. Une curiosité qui pourrait mettre Newton dans l’eau chaude ou pas.

Alcool

Pendant l’épisode de l’ascenseur, Betty Jo prend soin de Newton. À son contact, il découvre peu à peu l’alcool, puis à un point de l’histoire, Newton aime comme Betty Jo ou Nathan être enivré.

La bouteille pour s’amuser, la bouteille pour le sentiment d’appartenance et la bouteille pour oublier tout…

L’alcoolisme de nos trois personnages peut être expliqué par diverses causes qui sont bien résumées par Billy Joel dans la chanson Piano Man, « […] they’re sharing a Drink they call loneliness […] » (il partage une boisson qui s’appelle solitude). Pour Nathan, il s’agit probablement d’une dépression liée à la perte de sa femme, pour Betty Jo c’est sûrement la recherche de détente, de joie, de fête et pour oublier l’ennui, alors que pour Newton, c’est fort possible que ce soit un mélange d’anxiété dû à sa mission, de tristesse, d’ennui, de culpabilité et peut-être même une dépression causée par l’éloignement des siens.

Pendant un instant, il [Nathan] se sentit comme Henry Thoreau; cette idée le fit sourire. La grande masse des hommes vit des vies de calme désespoir.

Petit aparté, l’alcool accentue les problèmes. Si vous avez tendance à boire plus que les recommandations, parlez-en. Demandez de l’aide.

Humanité

C’est au travers de la découverte de l’alcool que le caractère de Newton amorce un changement. Tout d’abord il est le fidèle reflet de l’humanité. Newton est ambitieux, seul, centré sur soi. De plus, l’histoire des Anthéens qu’il porte en lui est un avertissement pour les Hommes (humanité) laissant entrevoir que s’ils persistent dans la même direction leur sort sera semblable à celui de son peuple…

Puis, Newton se dévoile, devient nostalgique, ressent la solitude et adopte des caractéristiques humaines. Comme dans La ferme des animaux de George Orwell, Newton a trop imité les humains, il devient comme eux.

Fin du récit

À vouloir aller trop vite afin d’accomplir sa mission, Newton est comme un papillon attiré par la lumière, il est aveuglé et il attire l’attention. Une attention qui sera malvenue.

Tout au long du récit, les lecteurs et lectrices sont persuadés que les problèmes viendront de Nathan Bryce, mais ce sera plutôt l’administration qui, voulant protéger la nation (des migrants, des extraterrestres, etc.), causera la déchéance de Newton.

Malheureusement, la fin du récit (dernières 75 pages) laisse un goût amer et décevant qui ne propose aucune fin joyeuse pour nos trois protagonistes. Aucune solution…  Le seul angle positif pourrait être celui de l’agence qui a préservé la nation américaine d’un Independence Day

Je ne peux m’empêcher de penser que des indices parsemaient le roman. Dès les premiers chapitres et tout au long de l’histoire, le tableau La chute d’Icare est omniprésent et il annonce, inconsciemment, la chute de Newton qui, tel Icare, est courageux, aventurier, audacieux et orgueilleux.

Conclusion

L’homme tombé du ciel présente un style d’écriture simple, efficace et qui permet de ressentir aisément de l’empathie pour les personnages.

Passant d’un extraterrestre pédant qui soupçonne son environnement (le passage de la saucisse ci-dessous), Newton n’a que faire des conventions et des fréquentations que devraient avoir un riche. C’est pourquoi il s’entoure de personnes de classes sociales et économiques diverses qui lui plaisent.

Avec ses nouvelles fréquentations et l’alcool, Newton devient plus humain. C’est d’ailleurs le personnage qui évolue le plus.

Malheureusement, la fin du récit n’est pas à la hauteur de mes attentes. Toutefois, le voyage fut agréable.

La nourriture était bonne – extrêmement bizarre, mais bonne. Il fit ensuite bouillir l’œuf et la pomme de terre sur un feu. La saucisse, il l’enterra – il y avait découvert des acides aminés qui ne lui inspiraient pas confiance.

Le passage de la saucisse (qui m’a fait rire).

Chroniques des autres participants

Comme je l’ai mentionné en début d’article, ce livre à fait l’objet d’une lecture commune avec Les paravers de Millina, Ma lecturothèque et Mots et pelotes. Voici les liens vers leurs articles.

Les paravers de Millina

Ma lecturothèque

Mots et pelotes


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10 commentaires sur « Mon avis… L’homme tombé du ciel »

  1. En effet, « La chute d’Icare » est présent tout au long du récit et laisse présager la fin ! Mais j’avoue que je suis tout de même un peu déçue de la fin. Que ça se termine mal ne me pose pas de souci, mais je garde un sentiment d’inachevé – ou d’achevé à la va-vite, peut-être ?

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      1. C’est vrai, jusqu’au bout je me suis demandée comment tout cela allait terminer pour les trois principaux protagonistes ! Et mine de rien, je me suis un peu attachée à Newton, même si je me doutais que la fin ne serait pas toute rose pour lui.

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