Chronique – Dominium Mundi

Baranger, François. Dominium mundi. Rennes: Critic, 2017. 947 p.

Bonjour, dans la chronique C’est lundi… Que lisez vous du 19 juillet dernier, je vous mentionnais que j’avais terminé le tome 1 de Locke and Key et que j’avais entamé la lecture du diptyque Dominium mundi. Après quatre mois de lecture plus ou moins continue, je l’ai finalement terminé durant la semaine du 8 novembre.

Je ne me souviens plus comment je suis tombé sur Dominium mundi, mais je me rappelle que la quatrième de couverture m’avait séduit par l’aventure interstellaire, le volet médiéval et la croisade.

Il est temps de donner mon avis sur ce roman!

4e de couverture

Première de couverture

«2202 : Né des cendres d’une conflagration planétaire, l’Empire Chrétien Moderne règne sur une Terre ravagée et irradiée. Urbain IX, pape tout puissant et restaurateur du Dominium Mundi, y gouverne d’une main de fer des peuples revenus à un mode de vie médiéval.

Sous son impulsion, un vaisseau colonisateur est envoyé vers une planète d’Alpha du Centaure, dans l’espoir d’y conquérir de nouveaux territoires pour l’humanité. Lorsque les passagers l’abordent, ils ont la surprise d’y trouver un peuple inconnu, les Atamides. Le choc est grand. Mais ce n’est rien en comparaison d’une découverte encore plus bouleversante : le véritable tombeau du Christ ! Guidés par leur foi inébranlable, les missionnaires tentent de s’en emparer, en vain. Les indigènes les massacrent.

Sur Terre, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Deux ans plus tard, Urbain IX achève d’armer un gigantesque vaisseau, le Saint-Michel, capable de transporter un million d’hommes. Pour Tancrède de Tarente, le Méta-guerrier héros des champs de bataille, et Albéric Villejust, le génie de l’Infocosme enrôlé de force, débute une croisade sanglante vers une nouvelle Jérusalem.

Les événements feront-ils bégayer l’Histoire ?»

Mon avis…

Le court-métrage que François Baranger produit en 1998, Antebios, présente la genèse de Dominium mundi.  Cette brève vidéo contient quelques éléments qui m’ont frappé. Le premier c’est la ressemblance entre le personnage principal d’Antebios et Tancrède de Tarente (présent dans la galerie d’images de l’édition intégrale). Le second élément est la similitude entre l’image de la deuxième couverture de Dominium mundi, ci-dessous (présente dans la galerie d’images de l’édition intégrale), et l’arrivée de l’extraterrestre sur Terre dans Antebios.

Saint-Michel une fois le débarquement effectué avec un levé de soleil

L’histoire contée commence lentement afin de faire découvrir au lecteur le monde dans lequel vit Tancrède de Tarente et pourquoi Urbain IX a proclamé la 9e croisade.

Tout d’abord, dans la note de l’auteur qui conclut le livre, François Baranger explique qu’il a particulièrement aimé le poème épique La Jérusalem délivrée de Torquato Tasso dit Le Tasse où il est question de la première croisade qui s’est déroulée au Moyen-âge.

Proclamée par Urbain II, la première croisade s’est déroulée de 1095 à 1099. L’armée croisée a rassemblé environ 35 000 hommes dont les commandants Godefroy de Bouillon, Bohémond de Tarente, Tancrède de Hauteville (neveu de Bohémond de Tarente) et Pierre l’Ermite.

L’auteur dévoile par la suite que certains personnages de son histoire ont été inspirés par des personnages historiques (tous ceux que je nomme de la première croisade) et que le type de narration, de Dominium mundi, a grandement été inspiré de l’œuvre de Torquato Tasso.

En plus d’avoir puisé le type de narration dans une œuvre ancienne, le système politique présent dans le livre, le dominum mundi, reprend la forme du dominium mundi qui a été effectif au cours du 12e et 13e siècle en Italie. Le dominium mundi, qui a été inspiré par l’Empire romain, donnait le pouvoir suprême de gouvernance à l’Église (le Pape) et non au roi ou à l’empereur. Ce système a divisé l’Italie entre le camp de Guelphs (pro Église) et le camp de Ghibellines (pro Roi). Ce conflit politique et religieux a duré près de 200 ans. Alors que la réalité dépasse la fiction, la politique s’est mélangée au religieux afin d’insuffler une intrigue additionnelle à l’histoire de Dominium mundi.

Après avoir mélangé des éléments sensibles de religieux et de politique, l’auteur ajoute à l’histoire des motivations secrètes et des ambitions personnelles aux protagonistes de son histoire. En faisant ainsi, François Baranger donne vie et polarise ses personnages en plus de les rendre dignes d’intérêt et plus humains. Les personnages cruels, manipulateurs et fourbes seront malfaisants. Alors que les charismatiques vont être attachants et fondamentalement bons. Nous rejetons l’un et aimons l’autre.

Ces personnages polarisés apportent beaucoup à l’œuvre et ils dynamisent l’entièreté de l’histoire. Alors que les personnages sont confinés à bord du Saint-Michel, l’histoire pourrait perdre de son dynamisme et de son attrait, mais grâce aux tempéraments des personnages il n’en est rien. Puis, le débarquement sur Akya d’Alpha du Centaure survient. L’attention se transporte afin de décrire les paysages multiples qui pourraient ressembler à ceux d’Arrakis de Dune ou bien à ceux de la lune Endor de Star Wars auxquels se superposent les combats qui seront parfois épiques. Dominium mundi ferait d’excellents films.

Que ce soit au travers de l’action, des réflexions ou par l’introduction d’un nouvel élément, l’auteur ne laisse rien au hasard. Même le fabuleux voyage final de Tancrède était planifié et intégré à l’histoire dès le début sans que je n’aie rien vu venir. Chapeau!

Conclusion

Nous avons tous notre propre vitesse de lecture et celle-ci peut être influencée par plusieurs paramètres : les marges, la typographie, la grosseur des caractères, le style littéraire, le genre littéraire, la fatigue, etc.

Pour la lecture de Dominium mundi, j’avais une vitesse de lecture plutôt lente, 30 pages par heure. Je suis bien loin des 60 pages par heure que j’ai faites avec Demi-vie. J’ai eu le livre en ma possession durant environ 120 jours. Finalement, j’ai lu près de 8 pages par jour soit environ 15 minutes par jour.

Dominium mundi est une histoire brillamment construite où rien n’est laissé au hasard. La trame dense de l’intrigue mélange harmonieusement science, histoire (réelle et fictive), politique, combat, amitié, amour et drame tout en offrant un univers de science-fiction crédible qui est clair et compréhensible.

Dominium mundi a été un voyage de science-fiction merveilleux du début à la fin!

Tous peuvent y trouver leur compte.

« Décidément, même si les Atamides ne semblaient pas s’être forgé de religion comme l’avaient fait pratiquement tous les peuples de la Terre, ils n’avaient en revanche pas échappé à cette triste fatalité qui veut que toutes les sociétés soient condamnées à s’inventer des mythes absurdes destinés à leur compliquer la vie. »

Galerie d’images

Saint-Michel une fois le débarquement effectué
Tancrède de Tarante

L’auteur

François Baranger commence sa carrière dans les jeux vidéo comme graphiste avant de passer à l’animation. Après le court-métrage R’Iyeh, celui nommé Antebios remporte un prix en 1999 au festival Imagina avant de connaître une diffusion internationale.

À partir de 2001, il participe à la réalisation de nombreux films en tant que concept-artist. Pour n’en nommer que quelques-uns : Arthur et les Minimoys, Harry Potter et les Reliques de la Mort, La belle et la bête (2013), etc.

Durant une dizaine d’années, François Baranger travaille en parallèle sur son premier diptyque, Dominium mundi, qui sera publié en 2013.

Depuis, il a publié deux nouveaux romans, des art books et plusieurs bandes dessinées, dont Les montagnes hallucinées de Lovecraft.

Antebios

Cette phase clé explique la fin étrange d’Antebios. À vous de faire le lien!

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