Mon avis… Hikikomori et mon glossaire

Marcotte, Josée. Hikikomori. Québec: L’instant même, 2014. 159 p.

Aujourd’hui, je vous présente mon avis sur le roman Hikikomori écrit par Josée Marcotte. 

4e de couverture

« Pourquoi rester dans ta chambre ?… Si j’avais un avenir, je serais la première à le savoir… Tu pourrais travailler à temps partiel. Tu ne sers à rien. Rien ne sert à rien… Je devrais faire quelque chose, comme aller à l’université… Pourquoi ?… Je pourrais jouer. Pourquoi sortir ? Je suis vide… Tu es vide et c’est mieux de rester ici pour remplir le vide, si tu sors, le vide va grossir, grossir et grossir. Le monde en trois dimensions n’est pas pour toi… Le monde en trois dimensions n’est pas pour moi… Viens jouer… Je vais jouer…

Ces jeunes adultes qui vivent en marge, reclus dans l’univers des jeux vidéo et d’Internet, sont les héros de multiples fins du monde. L’écran est l’unique fenêtre sur la vie. Mais dans la réalité, tous ne survivent pas. Marie s’envole pour Tokyo avec l’espoir de se rapprocher du lieu d’origine de ce mal-être social qu’est l’hikikomori et dont souffrait son frère jumeau Marc. Elle cherche les gamers qui l’ont côtoyé le jour de sa mort, lit le Dit des Heiké et noue des liens d’amitié avec Kengo, Mei et Azumi, sous le signe de l’éphémère et de l’imminence de l’apocalypse prophétisée par le calendrier maya. En soixante et un épisodes brefs, la fiction s’échelonne sur différents niveaux, comme dans un jeu, entre le récit de voyage et la chronique, l’aventure amoureuse et le portrait, la quête de vérité et le retour à la vie en société. »

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Premières lignes : Hikikomori

Mon avis…

Je lis rarement des livres de style tranche de vie et je les apprécie encore moins souvent. Néanmoins après qu’un membre de ma famille me l’ait conseillé, car il contient beaucoup de vocabulaire nippon, je m’y suis lancé.

Ce livre de 160 pages se lit bien, son style d’écriture est léger et il est idéal pour lire tout en sirotant une tasse de thé.

Cependant, gare à vous! Le livre est truffé de références cultuelles et culturelles. J’explique la répétition. 

Dès les premières lignes et tout au long du livre, Josée Marcotte glisse ici et là des références culturelles (culture générale ou artistique) en lien avec les films, la musique et les livres. Qui est l’une des caractéristiques du postmodernisme appelée l’intertextualité. Ces références à des oeuvres cultes telles que le film Lost in translation de Coppola-fille (fille du réalisateur Françis Ford Coppola ), aux films Star wars, aux romans d’Amélie Notomb, à Zarathoustra, et à bien d’autres viennent enrichir la lecture et c’est excellent! 

Néanmoins, les références culturelles (à une culture) au Japon et l’emploi fréquent de termes anglais viennent complexifier la lecture de ce roman. Plusieurs fois, le membre de ma famille m’a sollicité afin de mieux comprendre la signification de certains termes anglais et, bien entendu, japonais. Pour cette personne, le type d’écriture et de mise en forme de Hikikomori l’a laissé de marbre ou bien l’a irritée. Elle a d’ailleurs appliqué le second droit des lecteurs de Daniel Pennac : « Le droit de sauter des pages (ou paragraphes). »

Comprenant la plupart des références à la culture nippone, j’ai décidé de créer un petit (tousse) glossaire à la fin de l’article afin d’expliquer certains termes. J’espère qu’il pourra en aider certains dans leur lecture.

Entrons maintenant dans les cinq points qui m’ont irrité et qui risquent de gâcher certains « punchs » du livre…

Le premier point entoure les liens entre les personnages principaux Marie (Mari), Mei, Kengo, Azumi et Naito. Un point important à savoir est que les chapitres sont découpés en fonction des pensées du personnage clé du chapitre. Au fur et à mesure que l’histoire avance, des liens se font entre Marie, Mai, Kengo et Azumi, mais il n’y en a aucun avec Naito. Outre venir montrer une autre facette du Japon, Naito n’a rien à voir avec l’histoire de Marie et c’est étrange de créer un personnage qui n’est pas ou très peu rattaché à l’histoire principale.

Le second point à trait au découpage des chapitres par individu. Ce découpage est adroitement réalisé, mais j’ai été soudainement frappé vers le milieu du livre lorsque j’ai constaté que certains chapitres étaient composés de bribes d’informations toutes décousues les unes des autres et qu’on passait du coq-à-l’âne en quelques mots. Bien que cette façon d’écrire soit logique avec le découpage des chapitres, j’ai trouvé cela un peu déstabilisant de lire un fil de pensées plus ou moins chaotique comme il nous arrive tous d’en avoir.

Le troisième point concerne la fin du livre. Marie s’en allait au Japon pour rencontrer des joueurs avec qui son frère avait vécu ses derniers moments et ainsi mieux comprendre son frère. Personnellement, je ne suis pas certain qu’elle a obtenu les réponses qu’elle cherchait. De plus, je trouve que la fin est un peu en queue de poisson, mais comme l’a si bien dit Hajime Isayama dans le bonus de l’ultime tome de L’attaque des titans : ni l’origine ni la destination ne comptent lors d’un voyage et que seuls la route et ses détours valent la peine. Et c’est bien ce que Marie a vécu dans le roman, une route et ses détours. 

Le quatrième point concerne le travail d’édition et de révision. Il est à noter qu’il y a quelques manquements de l’éditeur quant à la révision linguistique. Au cours de ma lecture, j’ai remarqué quelques erreurs flagrantes de français qui auraient dû être corrigées avant la parution. Je tiens à spécifier que les erreurs ne sont aucunement liées à un drôle d’accord franco-nippon. 

Quant au cinquième et dernier point, il concerne la mise en forme du livre et aux conseils non prodigués à l’auteure. Avec un livre tel qu’Hikikomori, il aurait été nécessaire de mettre un glossaire afin d’expliquer les mots étrangers ou au moins des notes de bas de page, mais il n’y en a pas. Organisez-vous! Googlez! Oups! J’oubliais l’incongruité de la page 137. LA seule note de bas de page! Pourquoi une ici? Pourquoi NEET a plus besoin d’explication que disons Shinkensen? Mystère! Bref, la logique aurait voulu qu’il n’y ait pas cette note de bas de page.

Conclusion

Josée Marcotte a écrit un livre relatant le parcours de Marie au pays du Soleil levant. D’ailleurs, le soleil est constamment présent du début à la fin de l’histoire.

Malgré les aspects négatifs que j’ai mentionnés, Hikikomori est un livre adroitement écrit et intégrant de multiples éléments cinématographiques, littéraires et propres au Japon qui donnent vie et vraisemblance au récit.

Au long des pages, que j’ai pris plaisir à tourner, j’ai été transporté par l’écriture simple de l’auteure qui donne un dynamisme particulier à cette histoire.

Glossaire

En lisant le livre, j’ai eu l’idée de faire un glossaire non exhaustif afin d’orienter le lecteur de Hikikomori dans sa compréhension du livre. 

1Q84 : titre d’une série de romans de Haruki Murakami faisant écho au roman 1984 de George Orwell. Fait intéressant, la prononciation de 1984 et 1Q84 est identique en japonais, car 1984 se dit « Ichi-kyū-hachi-yon » et dans 1Q84 le Q se prononce « Kyu » ce qui donne encore « Ichi-kyū-hachi-yon ».

Akihabara : arrondissement de Tokyo.

Amélie Nothomb : célèbre autrice belge ayant publié plus de 30 romans, pièces de théâtre, nouvelles.

Angel Heart : série de mangas.

Anime ou animé : dessin animé ou film d’animation provenant du Japon. Il découle de Animeshon qui lui-même découle de l’anglais Animation.

Aomamé : personnage principal de la série de roman Q84 de Haruki Murakami (Voir aussi 1Q84)

Arigato gozaimasu : prononcé « Aligato gosaimas » signifiant « Merci beaucoup »

Asahi : marque de bière japonaise.

Asakusa : quartier populaire de Tokyo possédant une atmosphère traditionnelle.

Bento : repas complet traditionnel pour emporter servi dans une boite compartimentée à étages. Il peut être commercial ou fait maison.

Bleach : série de mangas.

Call of Duty : franchise de jeux vidéo de tir à la première personne.

Cat’s Eye : série de mangas.

Chaotic neutral : référence à Dungeon & Dragon désignant la philosophie d’un personnage. Ces personnages sont souvent centrés sur eux, rebelles, indépendants, impulsifs et ils vivent selon leurs propres règles. Parmi les personnages célèbres, il y a Jack Sparrow de Pirates des Caraïbes, Harley Quinn (DC), Rocket des Gardiens de la Galaxie et Cat Women (DC).

Chugoku : région ouest de l’île de Honshu.

Cosplay : loisir consistant à se déguiser et à incarner un personnage de fiction.

Daisen ou Mont Daisen : volcan célèbre au Japon. 

DigDug : jeu vidéo.

Dit des heiké : Heiké Monogatari ou histoires de Heiké est présent tout au long du livre. Marie lit l’une des traductions de cette l’épopée en prose (poésie) qui relate la lutte survenue au 12e siècle entre le clan Minamoto et le clan Taira.

« Du monastère de Gion le son de la cloche, de l’impermanence de toutes choses est la résonance. Des arbres “shara” la couleur des fleurs démontre que tout ce qui prospère nécessairement déchoit. L’orgueilleux certes ne dure, tout juste pareil au songe d’une nuit de printemps. L’homme valeureux de même finit par s’écrouler, ni plus ni moins que poussière au vent. »

Début dans la traduction de M. Sieffert (Gion ou Guion est un sanctuaire situé à Kyoto)

Donkey Kong : jeu vidéo.

Final fantasy online : franchise de jeux vidéo de jeu de rôle en ligne.

Fuji : célèbre mont du Japon.

Trente-six vues du mont Fuji, planche no 2 : Le mont Fuji par temps clair ou Fuji rouge (Gaifu kaisei)
Hakone et le mont Fuji

Geisha : artiste japonaise pratiquant un art raffiné traditionnel afin de divertir.

Hai : oui.

Hajimemashite : enchanté, je suis ravi de vous rencontrer.

Hanamachi : quartier où travaillent les geishas.

Hentaï : anime ou manga à caractère érotique.

Hikikomori : phénomène psychosocial affectant principalement les jeunes hommes. Les personnes atteintes vivent isolées de tout et de tous durant des mois voire des années. Les traumatismes ou les pressions sociales peuvent déclencher ce phénomène d’isolement. Les hikikomori occupent leur temps avec les jeux vidéo, les mangas et les animes. Afin de satisfaire leurs besoins essentiels, ils se font livrer ce dont ils ont besoin et s’ils doivent s’aventurer dehors, ils le font lorsque c’est peu achalandé.

Hiroshima : préfecture du sud du Japon sur l’île de Honshu célèbre pour la bombe atomique larguée durant la Seconde Guerre mondiale.

I am a Hero : série de mangas.

Kampaï : santé! À votre santé!

Keitai : culture japonaise des téléphones cellulaires qui a commencé en 2000. Désigne souvent l’appareil lui-même.

Kiminarimon : porte de la foudre. Elle est l’une des deux portes qui mènent au Senso-ji. (Voir aussi Senso-ji)

Kun : suffixe accolé principalement aux prénoms des garçons plus jeunes ou avec un statut inférieur. Voir aussi Sensei, Senpai, San, Sama.

La grande vague de Kanagawa : célèbre estampe de Hokusaï.

Trente-six vues du mont Fuji, planche no 1 : La Grande Vague de Kanagawa (Kanagawa-oki nami-ura)

Love hotel : Hôtel que l’on peut réserver à l’heure afin d’avoir de l’intimité. Lisez entre les lignes… Ce type d’hôtel n’est pas présent en Occident.

Maid café : café japonais où les serveuses sont habillées en domestique. Les Maid café sont principalement présents dans le quartier de Akihabara à Tokyo.

Mangaka : auteur ou autrice de manga.

Moshi-moshi ou Moshimochi : expression spécifique au Japon débutant une conversation téléphonique. En Occident, nous dirions « Bonjour », « Oui, bonjour », « Allo ».

NEET : qualifie le statut d’une personne comme n’étant ni aux études, ni au travail, ni en stage. (Not in Education, Employment or Training)

NHK : Nippon Hōsō Kyōkai est une célèbre chaîne de diffusion radio et télé communément raccourcis NHK (enu ecchi kee) Prononciation ci-dessous.

Okaerinasai : expression signifiant « Bon retour » utilisée en réponse à l’expression «Tadaima ».

Osaka : grande ville portuaire de l’île de Honshu. Elle est célèbre pour le château d’Osaka construit au 16e siècle et pour avoir le plus ancien sanctuaire shinto du pays.

Otaku : terme originellement péjoratif qui désigne une personne s’occupant essentiellement avec des activités d’intérieur. De nos jours, le terme péjoratif employé est « hikikomori » alors  que le mot « otaku » désigne une personne amatrice de culture japonaise.

Pac-man : jeu vidéo.

Pierre Elliott Trudeau : premier ministre du Canada de 1968 à 1979 et de 1980 à 1984.

PlayStation Move : console de jeu vidéo.

Princesse Mononoke : film animé culte se déroulant dans un univers historique et merveilleux.

PS3 : console de jeu vidéo.

Reiki : méthode de soin traditionnel japonais basée sur des soins dits énergétiques par l’imposition des mains.

Roppongi : quartier des divertissements de Tokyo. On y retrouve entre autres des bars, des discothèques et des karaokés.

Ryokan : auberge traditionnelle japonaise. On dort sur un futon à même le tatami, les bains sont publics et il y a généralement une source thermale.

Saké : alcool japonais à base de riz.

Salaryman : employé non cadre et non-ouvrier. On dirait au Québec : fonctionnaire. Le salaryman désigne également le style de vie de ces personnes qui se consacrent à leur travail en travaillant de nombreuses heures, en faisant des heures supplémentaires et en consolidant les liens entre les membres de l’équipe.  

Sama : suffixe employé afin de s’adresser à un supérieur hiérarchique ou à quelqu’un à qui l’on souhaite démontrer du respect et de l’admiration. Voir aussi Sensei, Senpai, Kun, San.

San : suffixe le plus courant signifiant, monsieur ou madame. Il s’emploie avec tous, car il est une marque de politesse.  Madame Bovary donne Bovary-san. Voir aussi Sensei, Senpai, Kun, Sama.

Sayonara : au revoir.

Sayonara Zetsubou-sensei : série de mangas.

Senpai : suffixe utilisé envers quelqu’un ayant la maîtrise d’un sujet ou d’une connaissance que l’on souhaite apprendre. Voir aussi Sensei, San, Kun, Sama.

Sensei : suffixe désignant un professeur, un écrivain, un médecin ou un avocat. Voir aussi San, Senpai, Kun, Sama.

Sensô-ji : temple bouddhiste situé à Tokyo dans le quartier Asakusa de l’arrondissement de Taito.

Shibuya : arrondissement de Tokyo.

Shinjuku : arrondissement de Tokyo illuminé par de nombreux néons. C’est l’un des quartiers de divertissement.

Shinjuku : arrondissement de Tokyo.

Shinkansen : trains à grande vitesse et leurs infrastructures. Précurseur, le premier shinkansen a été mis en service en 1964. Ces trains relient plusieurs grandes villes du Japon en atteignant des vitesses allant jusqu’à 275 km/h et bientôt (2030) 360 km/h. Depuis 1964, aucun accident n’a été rapporté.

Carte des lignes de Shinkansen (situation : mars 2016)

Tadaima : expression signifiant : «Je suis de retour à la maison», «Je suis de retour chez moi». Elle s’emploie lorsqu’on revient à un endroit qui nous est cher. Maison, aéroport, bureau, etc. Les personnes entendant « Tadaima » répondent « Okaerinasai ».  (Voir aussi Okaerinasai)

Tekireiki : âge convenable pour le mariage (entre 23 et 27 ans).

Teppanyaki : type de cuisson effectué sur une plaque chauffante en fer.

Udon : une des nouilles les plus consommées au Japon. Carrées de 2 à 4 mm, ces nouilles blanches ont une consistance molle et élastique. La plus ancienne description connue est relatée dans le Ryori Monogatari (Histoire de cuisine) de 1634.

Wallscroll : affiche.

Xbox 360 : console de jeu vidéo.

xxxHolic : série de mangas.

Yakinikou :  type de cuisson effectuée sur des charbons de bois. Généralement des viandes marinées sont cuites selon cette méthode.

Yamanashi : préfecture au sud-ouest de Tokyo.

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