Sicard, L.P.. Les contes interdits Scrooge. Varennes: Éditions ADA, 2020.
Chers lecteurs et chères lectrices,
Aujourd’hui, je vous présente un article qui est une vraie critique d’un livre captivant qui, en y repensant, m’occasionne du désagrément et de la colère même si j’ai lu avidement l’histoire.
Il parait que l’écriture agit comme un exutoire… Alors essayons d’extérioriser.
4e de couverture

« Une inquiétante boutique que nul n’ose approcher.
Des rumeurs sordides circulant dans les ruelles de la métropole.
Une jeune femme blessée, prête à tout pour fuir le passé.
Un vieillard défiguré que l’avenir obsède.
Et l’instant même, qui ne devient plus qu’un interminable cauchemar.
Charles Dickens, dans son Conte de Noël, présente Scrooge comme un vieil homme avare et détestable. Cette réécriture des Contes Interdits lui ajoute une obsession maladive et meurtrière pour le temps : ce nouveau Scrooge doit être craint comme la peste noire. Pourtant, une étrangère ignore les avertissements à l’égard de cet homme. Et celle-ci, entraînée dans les bas-fonds de la démence, comprendra bien vite que son temps est compté. »
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Mon avis
Puisqu’il s’agit de la réécriture d’une histoire connue à la sauce moderne et plus réaliste, il convient de déterminer les critères qui évaluent le livre.
Voici en résumé l’histoire de Un chant de Noël de Charles Dicken que j’aime grandement lire et relire : un vieillard avaricieux et grincheux voit surgir à la veille de Noël trois fantômes qui, à tour de rôle, lui feront revivre les Noëls d’antan, vivre le Noël présent et apercevoir les Noëls futurs. Au terme de la visite des fantômes de Noël, Scrooge change pour devenir un homme bon et généreux.
En écrivant Un chant de Noël dans la société capitaliste d’aujourd’hui, il sera donc facile de mettre en scène un homme avare et grincheux. Ce qui risque d’être moins facile c’est d’amener cet homme à devenir bon. Voici les critères qui me permettront de juger si la réécriture est réussie ou non.
Un avare se définit comme une personne qui aime amasser de l’argent, mais qui refuse catégoriquement de le dépenser. On peut dire de cette personne qu’elle est radine, pingre ou grippe-sou. Le contraire d’être avare c’est une personne généreuse, dépensière ou gaspilleuse.
Est-ce que le personnage de Scrooge dans Les contes interdits Scrooge est avare? En regardant le tempérament du personnage dépeint, on retrouve les caractéristiques et l’environnement dépeint par Dickens (boutique délabrée, appartement miteux, morceau de charbon rougeoyant, chandelle, etc.). Cependant, le Scrooge de L. P. Sicard ne vit pas pour accumuler de l’argent, mais pour accumuler du temps. Le temps n’est pas quelque chose que l’on peut accumuler au sens de l’avarice. Il convient donc de conclure que l’objectif est accompli à moitié.
Est-ce que le personnage de Scrooge dans Les contes interdits Scrooge est grincheux? Le Scrooge de L. P. Sicard a un passé semblable à celui de Dickens. (Il a perdu sa femme, il a perdu Marley, il a perdu la joie, etc.) Objectif accompli!
Est-ce que le personnage de Scrooge dans Les contes interdits Scrooge rencontre des fantômes? Depuis la mort de Marley, la boutique de chapeaux Scrooge et Marley s’est transformée en laboratoire de chimiste… Scrooge est devenu un fabricant d’ectoplasme ou ecto. Cette nouvelle drogue disponible en deux versions renvoie dans le passé ou propulse dans le futur. Bien que ce soit très créatif et inattendu de trouver un Scrooge «dealer», l’objectif est atteint grâce à l’ectoplasme qui accomplit le travail des fantômes de Noël!
Est-ce que le personnage de Scrooge dans Les contes interdits Scrooge devient bon? Cette version de Scrooge dépeint par L. P. Sicard est si terrifié et obsédé par la peur de la mort (du futur) qu’il devient un monstre bien pire qu’aucun fantôme de Noël n’aurait pu prédire. Je dois dire que c’était mon principal critère pour évaluer l’œuvre. J’ai été amèrement déçu et choqué! Pas au point de déchirer le livre, mais amplement pour m’en débarrasser et le déconseiller.
Conclusion
L’histoire commence comme un roman noir qui dénonce les conditions de vie des sans-abris. C’est prenant. C’est palpitant. L’écriture est fluide. Les phrases coulent comme de l’eau. J’arrive à voir venir l’auteur avec l’ecto et son fabricant quand, alors que tout semble parfait, Scrooge arrive (vers le milieu du livre) et se mêle de la partie…
Dès lors, l’histoire se transforme en 5150, rue des Ormes (de Patrick Sénécal) avec un vieillard dérangé qui fabrique des horreurs dans sa boutique… 😨 Serait-ce un chapelier fou? Bref, on a basculé dans l’horreur et la chute vertigineuse vers Hell.com (aussi de Patrick Sénécal) se poursuit! Et comme bouquet final, un interminable cauchemar en cul-de-sac! 🤬
J’aurais pû décider d’appliquer le 10e droit du lecteur de Daniel Penac, 🙊 le droit de se taire, mais puisqu’il est somme toute rare que j’abhorre un livre, j’ai décidé d’en parler tout de même!
Toutefois, ce n’est pas parce que ce livre ne m’a pas plus que vous serez du même avis.
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