PERRO, Bryan. Les contes interdits La bête du Gévaudan. Varennes: Éditions ADA, 2023.
Chers lecteurs et chères lectrices,
Aujourd’hui, je vous présente mon avis sur le roman La bête du Gévaudan écrit par Bryan Perro publié par les Éditions ADA. J’ai lu ce livre lors de La semaine à 1000 pages du Pingouin Vert de juillet 2023.
Cet avis se rapproche d’une vraie critique. Sur ce, partons à la découverte de ce livre!
4e de couverture

« Une ancienne légende de 1764 qui refait surface.
L’école du Gévaudan ainsi que la ville qui l’entoure assiégé par des crimes insolites.
Un monstre insidieux qui raconte ses états d’âme.
Le regard du diable et l’intelligence d’un gladiateur rusé, gaillard et habile.
Dans ce Conte Interdit, Bryan Perro revisite la légende de la Bête du Gévaudan, surnom attribué à des canidés ayant mené des attaques souvent mortelles sur des citoyens français du XVIIIe siècle, dans le département de la Lozère. Ne croyez surtout pas que la Bête n’est qu’un énième type de loup-garou… c’est bien plus dangereux! »
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Mon avis
Comme pour chaque conte interdit, il convient de résumer les événements de l’événement qui a entraîné la réécriture sous la forme Les contes interdits.
Le conte originel
La Bête du Gévaudan, oui bête prends une majuscule ici, n’est pas un conte à proprement parler, mais bien un événement historique français. En France, dans le Gévaudan (la Lozère actuelle (au sud-ouest de la France situé au nord de Montpellier)), entre juin 1764 et juin 1767, des attaques sauvages font de nombreuses victimes (88 à 124 selon les sources). Les rumeurs vont bon train et enflent quant à la cause de ces attaques. Loup, animal exotique, sorcier, loup-garou et même châtiment divin sont considérés comme étant la cause.
Face aux échecs visant à faire cesser le massacre dans le Gévaudan, Louis XV envoie son porte-arquebuse, François Antoine, âgé de 70 ans, résoudre le problème. Il faut dire qu’il a de l’expérience avec les Bêtes… Bête du Soissonnais et Bête de Versailles. Le problème fut réglé en 1765 avec la mort d’un grand loup. Quoique… Plusieurs autres grands loups furent tués avant que les attaques ne cessent en 1767.
La cause officielle de toutes ces Bêtes du… est attribuée à des loups anthropophages, chassant et mangeant des humains. Toutefois, la machine à rumeur persiste. Loup, animal exotique, sorcier, loup-garou ou même tueur en série font des suspects idéaux.
La réécriture
Voici les trois critères qui me permettront de juger si la réécriture est réussie ou non.
- L’événement originel fait mention d’une ou de plusieurs bêtes. Est-ce qu’il est question de bêtes?
- La cause de la terreur ressentie est la mort. Est-ce que cette bête terrorise une région en tuant?
- Pour terminer, est-ce que la bête est tuée et la paix revient?
Pour répondre à la première question, avec la réécriture de cet événement par Bryan Perro, je m’attendais à une histoire penchant vers les loups-garous puisqu’il a fait une série sur le sujet : Wariwulf. Malheureusement, ce fut une déception, aucun loup-garou. Toutefois, le roman porte en effet sur des bêtes au sens large. Dans ce sens large, l’une des bêtes est, somme toute, clairement énoncée comme piste à quelques reprises dans l’œuvre. L’autre, c’est le loup pour l’homme…
Le bilan pour la question un est positif. Il est bien question de bête, mais j’ai été déçu par la révélation.
Pour répondre à la seconde question, est-ce qu’il y a un climat de terreur? Oui! Mort, désolation et suspicion règnent en maître dans une ville terrorisée par les actes malveillants.
Puis, est-ce que la paix revient? Après carnage, horreur et tuerie, l’une des bêtes est morte. L’autre est immortelle… Donc difficile de s’en débarrasser. Toutefois, le but de la paix est atteint, car la ville retrouve sa tranquillité.
Donc objectif atteint pour les trois critères.
Le style
Jusqu’à présent vous vous questionnez sûrement sur mon sens de « vraie critique » annoncée en début d’article, j’y viens.
Le style d’écriture employé dans La Bête du Gévaudan écrit par Bryan Perro est captivant. Les pages passent alors que l’on est absorbé dans le style singulier et fluide. C’est rare qu’un livre n’ait aucun dialogue et qu’il utilise les adjectifs possessifs « ton » et « tu » en s’adressant au personnage principal tout en utilisant des pronoms personnels tels que « moi » pour se désigner (le narrateur).
En effet, l’utilisation de ces pronoms m’a fait penser à l’ange et au démon sur les épaules que l’on voit dans les dessins animés.

Pour moi, c’est un gros succès! En se mettant dans la peau du « ton ou toi », on comprend mieux le point de vue de ceux qui entendent des voix bonnes ou mauvaises. C’est terrifiant! Par son style, ce livre nous fait vivre des sensations inouïes.
Malheureusement, il arrive un point de l’histoire (chapitre 54/66) ou le narrateur, que dis-je, l’accusateur, brise le quatrième mur…
Mais non… je ne parle plus à Kevin, je te parle à toi. Oui, toi qui parcours ce bouquin.
Pif! Paf! Cric! Crac! Cette irruption dans le réel du narrateur a tout brisé. Plus de lancée, plus de plaisir à lire. Je me force à poursuivre le chapitre et je tombe finalement sur le conseil de cette voix.
… je te conseille de tout de suite abandonner ce bouquin. Tu le refermes, puis tu passes à autre chose. J’attends.
Tout au long des 53 premiers chapitres, j’ai bien aimé l’analyse du genre humain faite par cette voix, alors, bien qu’échaudé, je continue. Puis, je me pousse à finir le chapitre, après tout il ne reste que trois paragraphes. Le goût de lire reviendra peut-être?
Finalement, après le premier paragraphe du chapitre 54, l’envie de continuer n’est pas revenue. C’est à ce moment que Daniel Pennac et de ces droits du lecteur me reviennent en tête…
Dès lors, j’applique le droit de sauter des pages et le droit de grappiller. Je lis çà et là des passages, des phrases, des mots qui me décrivent l’action qui allait de soi. Je persiste! Plate. Insipide. Je saute à la fin. Lis la première phase et le début de la suivante. Le narrateur est encore à parler au lecteur. Je saute à la dernière phrase. Même rengaine. Le tentateur tente et nous met en garde! Yark! Je n’aurais pas dû perdre mon temps avec cette fin. Déception amère!
Leçon à retenir : Si on ne sent pas l’histoire, appliquer le droit de ne pas terminer un livre!
Les contes interdits
Après un catastrophique Scrooge qui m’a amèrement déçu et choqué (voir mon avis), j’ai tenté un nouveau livre de la série Les contes interdits.
Bien que moins déçu et choqué qu’avec le premier que j’ai lu, mon impression n’est guère mieux. Vais-je tenter le coup avec un autre livre de la série? Je ne suis pas décidé.
Conclusion
Tout comme avec Les contes interdits Scrooge, l’histoire commence de façon intéressante. C’est prenant. C’est palpitant. L’écriture est fluide. Les phrases coulent comme de l’eau.
La thématique intéressante combinée au style d’écriture rend le livre intéressant.
Toutefois, une cassure nette s’effectue au chapitre 53. Le quatrième mur est brisé et il en va de même avec mon élan de lecture. J’hésite à appliquer le troisième droit du lecteur, le droit de ne pas finir un livre, mais j’applique finalement le droit de sauter des pages et le droit de grappiller. Malheureusement, je n’embarque plus et l’histoire se termine une nouvelle fois en cauchemar! 🤬 J’aurais dû appliquer le troisième droit…
Encore une fois, j’aurais pu décider d’appliquer le 10e droit du lecteur de Daniel Pennac, 🙊 le droit de se taire, mais j’ai décidé d’en parler tout de même, car ce n’est pas parce que ce livre m’a déçu que vous serez du même avis.
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Dommage pour la fin. Je tenterai peut-être, car la première partie du récit m’intéresse beaucoup.
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Tout à fait. Je t’invite à le mettre dans ta Pile à Lire. Tu auras surement un avis différent ou complémentaire
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