Premières lignes : Contes de Noël de Charles Dickens

Chères lecteurs et lectrices aimant la lecture,

Cette semaine, j’ai également commencé le recueil Contes de Noël de Charles Dickens publié par les Éditions Jean-Claude Lattès en 1987. Cette édition est uniquement disponible sur le marché de l’usager.

Le rendez-vous hebdomadaire Premières lignes a été créé par Ma lecturothèque  et il vise à faire découvrir un livre au travers de ses premières lignes. Je vise à vous faire découvrir mes nouvelles lectures au travers de ses premières lignes et de sa 4e de couverture.

N’hésitez pas à me faire part de vos réflexions ou à inscrire en commentaire le lien de votre rendez-vous.

4e de couverture

Aucune quatrième de couverture. Le livre contient les contes de Dickens suivants :
Un chant de Noël
Le carillon
Le grillon du Foyer

Premières lignes

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PREMIER COUPLET

Le spectre de Marley

Marley était mort, pour commencer. Là-dessus, pas l’ombre d’un doute. Le registre mortuaire était signé par le pasteur, le clerc, l’entrepreneur des pompes funèbres et celui qui avait mené le deuil. Scrooge l’avait signé, et le nom de Scrooge était une garantie en Bourse, quel que fût le papier sur lequel il lui plût d’apposer sa signature. Le vieux Marley était aussi mort qu’un clou de porte (Locution proverbiale en Angleterre.). Attention je ne veux pas dire que je sache par moi-même ce qu’il y a de particulièrement mort dans un clou de porte. J’aurais pu, quant à moi, me sentir porté plutôt à considérer un clou de cercueil comme le morceau de fer le plus mort qui soit dans le commerce ; mais la sagesse de nos ancêtres éclate dans les similitudes, et mes mains profanes n’iront pas toucher l’arche sainte; autrement le pays est perdu. Vous me permettrez donc de répéter avec énergie que Marley était aussi mort qu’un clou de porte.

Scrooge savait-il qu’il fût mort ? Sans aucun doute. Comment aurait-il pu en être autrement ? Scrooge et lui étaient associés depuis je ne sais combien d’années. Scrooge était son seul exécuteur testamentaire, le seul administrateur de son bien, son seul ayant cause, son seul légataire universel, son unique ami, le seul qui eût suivi son convoi funèbre. Quoique, à dire vrai, il ne fût pas si terriblement bouleversé par ce triste événement, qu’il ne se montrât un habile homme d’affaires le jour même des funérailles et qu’il ne l’eût sacralisé par un marché des plus avantageux.

Cette allusion aux funérailles de Marley me ramène à mon point de départ. Il n’y a pas de doute que Marley était mort compris, : ceci doit être parfaitement autrement l’histoire que je vais raconter n’aurait rien de merveilleux. Si nous n’étions bien convaincus que le père d’Hamlet est mort, avant que la pièce commence, il n’y aurait rien de plus extraordinaire à le voir rôder la nuit, par un vent d’est, sur les remparts de sa ville, qu’à voir tout autre monsieur d’un âge mûr se promener au milieu des ténèbres, dans un lieu rafraîchi par la brise, comme serait, par exemple, le cimetière de Saint- Paul, simplement pour frapper d’étonnement l’esprit faible de son fils.

Scrooge n’effaça jamais le nom du vieux Marley. Il était encore inscrit, plusieurs années après, au-dessus de la porte du magasin. La raison sociale connue était sous le nom de Scrooge et Marley. Quelquefois des gens peu au courant des affaires l’appelaient Scrooge-Scrooge, quelquefois Marley tout court; mais il répondait également à l’un et à l’autre nom; pour lui, c’était pareil.

Oh! il tenait bien le poing fermé sur la meule, le bonhomme Scrooge! Le vieux pêcheur était un avare qui savait saisir fortement, arracher, tordre, pressurer, gratter, ne point lâcher surtout! Dur et tranchant comme une pierre à fusil dont jamais l’acier n’a fait jaillir une étincelle généreuse, secret, renfermé en lui-même et solitaire comme une huître. Le froid qui était au-dedans de lui gelait son vieux visage, pinçait son nez pointu, ridait sa joue, rendait sa démarche raide et ses yeux rouges, bleuissait ses lèvres minces et se manifestait au-dehors par le son aigre de sa voix. Une gelée blanche recouvrait constamment sa tête, ses sourcils et son menton fin et nerveux. Il portait toujours et partout avec lui sa température au-dessous de zéro; il glaçait son bureau les jours caniculaires et ne le dégelait pas d’un degré à Noël. »

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