LÄCKBERG, Camilla. Femmes sans merci. Arles : Actes Sud, 2020. 160 p.

J’ai découvert Camilla Läckberg peu de temps après la lecture des Millénium de Stieg Larsson. Je ne me souviens pas quel est le titre du premier tome de sa série Erika Falck et Patrick Hedström que j’ai lu, mais c’est avec joie et enthousiasme que j’ai découvert ses intrigues liant le passé et le présent.
Depuis 2019, le style d’écriture auquel nous nous étions habitués, un savant mélange de suspense, de polar et de roman noir, a changé pour devenir uniquement un roman noir. Son nouveau style lui permet d’avoir un discours plus critique sur des réalités sociales qui touchent de nombreux pays.
Résumé
Victoria Brunerg a rencontré son mari grâce à une application de rencontre. Tout semblait charmant et parfait. Elle a décidé d’émigrer de Russie et de vivre avec l’homme de sa vie, Malte. Cependant, dès que le mariage a été prononcé, la nature de son homme a changé pour le pire…
Proche de la retraite, Birgitta Nilsson n’arrive pas à quitter Jacob, son mari violent. Couverte de bleus, elle évite d’aller voir les médecins depuis des années…
Ingrid Steen est une brillante journaliste qui tente de retrouver un travail après des années à avoir été mère au foyer. Un jour, les doutes qu’elle a concernant l’infidélité de son mari se confirment…
Coincées dans leur mariage, Victoria, Birgitta et Ingrid se trouveront grâce à un blogue. Ensemble, elles mettront au point les meurtres de leur mari respectif afin de se sortir de la situation toxique dans laquelle elles sont prises.
Note au lecteur
Je souhaite préciser que je soutiens toutes les femmes qui se trouvent dans de telles situations et qui désirent sortir de relations toxiques. Il existe, toutefois, des façons non violentes d’y arriver. Dans cet article, il n’est question que de style et de littérature.
Thématiques
Avec la parution de La cage dorée en 2019, la thématique des derniers romans de Camilla Läckberg a changé. Bien qu’elle en parlait un peu dans ses autres romans, la montée du mouvement #Metoo permet à Camilla Lackberg de sortir des livres dont le thème principal est la délivrance des femmes des griffes de leur mari.
Figure féministe en Suède, Camilla Lackberg publie un second titre ayant pour thème la maltraitance des femmes. Lors d’une entrevue, elle dévoile qu’elle a elle-même été trahie par un de ses maris et qu’il n’y a pas de pire trahison.
Les études démontrent qu’il existe bien des manières de maltraiter et de nombreux profils psychologiques d’agresseur. Que ce soit par la violence physique ou la violence psychologique, de nombreuses femmes sont rabaissées, bernées et brisées. Il est de notre devoir de décourager et de dénoncer de tels comportements.
Dans ce roman signé Camilla Lackberg, la façon utilisée afin de décrire les maris toxiques est clichée et caricaturale. L’un est populaire, riche et il fréquente ses secrétaires, les autres sont quant à eux violents et de véritables connards. Les hommes du roman ne sont pratiquement pas décrits et le profil psychologique auquel l’auteure nous a habitués au travers de ses autres œuvres est absent. Le même phénomène, bien qu’atténué, se présente également lorsqu’il s’agit de décrire nos trois protagonistes, Victoria, Ingrid et Birgitta. J’aurais aimé en connaître plus sur ces femmes et ces hommes, car il aurait alors été encore plus facile d’appuyer la volonté de ces femmes de se défaire de leurs chaînes et la satisfaction ressentie face à leur délivrance en aurait été décuplée.
Style
Le style d’écriture auquel Camilla Lackberg nous a habitués inclut généralement un long volet qui permet de mieux connaître les personnages, leur passé et un déroulement de l’histoire qui est plus pimenté. Les chapitres content en alternance l’histoire des trois femmes et le roman se termine par un chapitre commun. Bien que le suspense soit présent et que l’on éprouve de l’empathie pour ces femmes, d’autres méthodes de narration auraient pu augmenter le souffle insufflé à cette histoire et pimenter le récit.
Conclusion
Malgré le fait que Camilla Lackberg nous sorte de notre zone de confort en changeant le déroulement narratif auquel nous nous sommes habitués de sa part et que plusieurs auraient aimé avoir des personnages plus étoffés, on dévore Des femmes sans merci en un rien de temps.
Plutôt court, concis et bien écrit, ce roman nous permet de nous évader un temps dans une histoire ayant une idée de départ géniale et un scénario bien construit.
D’ici la fin de l’année, Camilla Lackberg sortira un nouveau roman : Sans passer par la case départ qui, j’en suis certain, sera un succès.
4e de couverture de Sans passer par la case départ
« Skurusundet, détroit huppé dans l’archipel de Stockholm, réveillon de la Saint-Sylvestre. Pour braver l’ennui, quatre amis jouent au Monopoly. Mais ils ne sont plus des enfants – ils décident rapidement d’augmenter l’enjeu. Ils ignorent encore que la partie d’action ou vérité dans laquelle ils se lancent aura des conséquences fatales dont ils ne pourront peut-être jamais se remettre. »
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