LÄCKBERG, Camilla. Des ailes d’argent. Arles : Actes sud, 2020. 320 p.
Comme je le mentionnais dans l’article concernant Femmes sans merci, (que vous pouvez lire ici) j’ai découvert Camilla Läckberg il y a plusieurs années. Pour cette histoire, Camilla Läckberg, poursuit le récit commencé dans La cage dorée qui est paru en 2019. Selon elle, les aventures de Faye se terminent avec ce second livre ayant une thématique très féministe.
Résumé
Faye coule le bonheur parfait en Italie. Son ex-mari est en prison, sa société Revenge a le vent dans les voiles et sa fille, supposée morte en Suède, se porte à merveille.
Un jour, Faye rencontre David, un homme charmant, et elle devient rapidement amoureuse de lui. Cependant, les actions de Revenge commencent à se revendre. Lentement mais sûrement, Revenge glisse des doigts de Faye et se retrouve en péril.
Ayant déjà suffisamment à faire afin de sauver sa société, les fantômes de son passé reviennent la hanter quand une policière suédoise, qui s’occupe de la disparition de la fille de Faye, déterre son passé trouble…
Avec d’autres femmes fortes, Faye ne ménagera pas les coûts et les coups.

Thématiques
Surfant sur le mouvement #Metoo, Camilla Lackberg sort un autre livre dont le thème tourne autour de la délivrance des femmes des griffes des hommes. Toutefois, la principale femme qui est délivrée, c’est Faye.
Je constate à nouveau que, comme dans Femmes sans merci, Camilla Läckberg tombe dans le cliché en dépeignant uniquement des hommes violents, agresseurs et dragueurs. Est-ce à dire que pour qu’un livre soit reconnu comme féministe, on doit dépeindre tous les hommes de cette façon? Ne pourrait-on pas avoir quelques gentlemans au travers?
L’amour
Un gentleman, c’est précisément ce que Faye rencontrera au début de cette nouvelle histoire. Cet homme est charmant, attentionné et il considère les femmes comme ses égales. Au fil des rencontres, Faye commence à laisser tomber les barrières qu’elle a construites depuis son enfance et elle change de caractère. Son caractère puissant et froid du début de l’histoire se transforme pour devenir celui d’une adolescente naïve et enjouée. Bref, elle voit la vie en rose au travers des verres de l’amour.
L’égalité
Alors que Faye est follement amoureuse, l’auteure nous précipite dans le monde sans pitié de la finance où se côtoient les mieux nantis qui se comparent entre eux. Grâce à la réussite fulgurante de Revenge, Faye se met sur un pied d’égalité avec les autres requins de la finance.
Ces requins permettent à Camilla Läckberg d’aborder la surabondance de richesses qui, elles, appellent à son tour les clichés de débauche qu’ont plusieurs milliardaires, que ce soit avec tous leurs gadgets hors de prix, yacht, montre, restaurant, champagne, etc. Ainsi l’auteure permet à Faye d’être sur un pied d’égalité avec les hommes riches et puissants tout en lui conférant les mêmes droits dont ces riches hommes profitent.
La sexualité
Dans Une cage dorée, l’ex-mari de Faye, Jack, a pris tous ses droits et il en a profité pour avoir son lot de maîtresses. Le lecteur assiste à des scènes sexuellement explicites où Jack domine et commande. Dans ce roman, à l’instar de ses riches homologues masculins, c’est au tour de Faye de profiter de ces droits à une sexualité assumée et exutoire. L’auteure profite de ces occasions pour ajouter à son roman des scènes de sexe bien décrites.
Malheureusement, aucune de ces descriptions et aucun de ces paragraphes ne font évoluer l’histoire. Je dirais qu’elle a repris une notion principalement rencontrée dans l’animation japonaise et les mangas, le « fan service ». Le « fan service » lui a permis d’écrire des paragraphes alimentant les fantasmes et la passion des lecteurs en intégrant du contenu à connotation sexuelle ou érotique.
Bien que ces passages bien écrits n’ajoutent rien à l’histoire, je n’ai rien contre de tels passages. En comparant les scènes de Jack à celles de Faye, dans Des ailes d’argent, les passages sexuels de Faye sont très passionnés et tendres alors que ceux de Jack dans La cage dorée sont plus brutaux, dominateurs et que ce dernier ne respecte pas son vœu d’exclusivité envers Faye. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé Faye à chercher la vengeance.
La vengeance
Dans le précédent roman, nous avons découvert que Faye n’est pas un petit oiseau dans une cage, mais bien un feu qui couve et qui peut se répandre. Depuis toute jeune, elle endure la brutalité, la méchanceté, l’humiliation, le viol et les violences conjugales. Elle a d’ailleurs découvert très jeune que, si on est bien préparé et suffisamment déterminé, la loi du talion est une solution.
Autant dans La cage dorée que dans Des ailes d’argent, la vengeance est le fil conducteur de l’histoire. Quand Faye prend le chemin de la guerre, c’est qu’elle a tout planifié et elle ne laisse rien au hasard. Ceux qui lui ont causé du tort paieront un prix bien plus élevé que ce que Faye a dû payer. Trois sont morts, son père est en prison pour féminicide (c’est présumé), son ex-mari Jack est en prison pour infanticide (c’est présumé) et quelques autres sont sur la paille.
Style
À l’opposé de Femmes sans merci, Camilla Läckberg inclut sa marque de fabrique, la trame à deux temps. Cette méthode amplement employée dans ses polars (L’enfant allemand, Le prédicateur, etc.) lui permet de pimenter le déroulement de l’histoire et de raconter la jeunesse de Faye.
Personnellement, je n’ai pas fait tout de suite le lien entre la jeune fille (Faye) et les péripéties de Faye avec Revenge, mais après réflexion, il est totalement logique et prévisible de deviner rapidement qui est cette enfant. Pourquoi remonterait-elle le temps si ce n’était pas lié à Faye?
En utilisant cette méthode, l’auteure ajoute de la profondeur au personnage de Faye et elle nous permet de découvrir la jeunesse tourmentée de son personnage principal.
Tout au long du récit, l’auteure nous dévoile une Faye meurtrie, intelligente et débrouillarde. Malheureusement, Faye se révèle être un héros pour certains, mais selon les définitions, elle est clairement un antihéros, car tous les moyens sont bons pour atteindre son objectif. Que ce soit la moralité discutable, la corruption, la collusion, les faux crimes ou le meurtre, Faye tire son épingle du jeu.
Camilla Läckberg nous présente le passé de l’antihéros, mais l’histoire reste sans réel rebondissement ni sans véritable suspense. Tout au long de l’histoire, elle laisse planer l’arrivée de l’ex-mari de Faye qui, malheureusement, arrive de nulle part pour la fin précipitée du roman.
Dans cette fiction, tout est mis en place pour obtenir un déroulement et un dénouement différent de La cage dorée, que ce soit l’arrivée du copain gentil que Faye mérite ou bien encore sa compagnie qui se porte à merveille. J’ai moi-même cru que Faye s’était trouvé un homme bon, mais tout n’est que façade. Heureusement pour Faye, elle a de bonnes amies, douées et intelligentes, qui la sortiront du pétrin.
Conclusion
J’ai apprécié la lecture Des ailes d’argent. Bien que ce roman ait des faiblesses, qui à mon avis se dévoilent après analyse, je suis rapidement embarqué dans l’histoire et j’ai pris plaisir à lire ce roman.
Même si je préfère, et de loin, sa série Erika Falck et Patrick Hedström qui nous entraîne sur la piste d’étonnants criminels, on reconnaît bien la plume de Camilla Läckberg.
La fin de l’histoire est somme toute laissée ouverte, ce qui laisse penser qu’il pourrait y avoir un 3e tome. Qui sait…
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