UMEMURA, Shinya; HASHIMOTO, Eiji. Chiruran Shinsen Gumi Requiem : 5. Paris : Mangetsu, 2021.
Seinen, plus de 31 tomes (7 t. en français)
Aujourd’hui, je vous présente mon avis sur le tome 5 de Chiruran que j’ai lu à la fin du mois de mars. Encore une fois que d’action!
4e de couverture

« Les membres du Miburôshi Gumi subissent une série d’attaques perpétrées par des assassins. Il ne fait donc plus aucun doute qu’un traître informe leurs ennemis. Mais de qui s’agit-il? Nos héros commencent à se soupçonner les uns les autres et, au milieu de ce chaos, le Miburôshi Gumi perdra son premier homme… »
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Mon avis… Chiruran tome 1, tome 2, tome 3, tome 4
Premières lignes : Chiruran tome 2, tome 3, tome 4, tome 5
Mon avis…
Alors que le Mibu Roshi Gumi doit se choisir un chef, la tension est palpable au sein du groupe, car ses membres doivent dénicher un traître qui se cache parmi eux…
Dans ce tome, bien que Hashimoto crée de belles planches magnifiquement détaillées, aucune représentation d’« Osore » n’entoure les combattants. Rappelez-vous, j’en ai discuté dans mon avis sur le tome 4… Voici l’une d’elles.

Komainu : ces statues de lion-chien sont généralement présentées par paire à l’entrée des temples. La statue de droite, le Komainu A- a la bouche ouverte afin de prononcer la voyelle « a » qui réfère au souffle de la vie. Quant à celle de gauche, le Komainu -um, a la bouche fermée afin de prononcer la syllabe « um » qui réfère à la mort. Prononcé de droite à gauche, sens de lecture japonais, cela forme le son « aum » qui protégerait.
Ashura ou asura : être démoniaque de la mythologie hindouiste qui s’oppose aux divinités. Les trois visages représentent la jalousie, la paranoïa et l’agressivité (belliqueux).
Outre les belles images de Hashimoto, Umemura a introduit dans le premier tome la thématique des fleurs. Oui oui, des fleurs avec les samouraïs. Le premier chapitre de la série est intitulé « Chiruran, les pétales dispersés ». Sur l’image présentant le chapitre, nous retrouvons la fin d’un petit texte qui dévoile qui sont les samouraïs. Ce texte décrit les samouraïs comme des fleurs qui s’épanouissent, mais qui ne donneront jamais de fruits.

De plus, dans le tome 1, il y a des fleurs visible dans la prolepse.


Dans le second tome, j’ai uniquement remarqué que le lien s’effectue lors de la prolepse et le magnifique pot de fleurs.

Dans le troisième tome, il y a plusieurs motifs floraux discrètement cachés. Le premier est le mon du clan Matsudaira présent à divers endroits. Le mon ou emblème héraldique des samouraïs du clan Matsudaira représente trois feuilles de rose trémière. Nous retrouvons ensuite des représentations de fleurs dans les komon (motifs répétitifs) des kimonos.



Dans le tome 4, la thématique florale continue avec les kimonos. De plus, une illustration de début de chapitre montre les hommes de Kondo durant la fête O-Hanami (saison de la floraison des cerisiers).

Quant au tome 5, des fleurs sont présentes sur certains kimonos (regardez la première image de l’article). De plus, le chapitre 24 est nommé « Une fleur sans nom » et le dernier chapitre comprend un épisode narratif durant lequel Toshizo fait référence aux fleurs du premier tome. «Lorsqu’on fanera ce sera tous ensemble ».

Pour continuer avec l’habillement, l’auteur présentera la cape (haori) à motif en dents-de-scie. Cette veste a rapidement été associée au Roshi Gumi et a fait trembler les loyalistes pro-impériaux. (ci-dessus et ci-dessous)

Outre ce lien ténu avec les fleurs qui ne cesse de revenir, un aspect qui m’avait bien plu dans le premier tome revient, les réalités historiques… Circonscrit à la fin du chapitre 25, l’auteur passe trop rapidement sur ces éléments de contexte fort importants à la compréhension de cette période historique qui influencera le déroulement de l’histoire avec un H majuscule.
Afin de bien comprendre cette période mouvementée du Japon, voici des détails importants concernant ces événements non détaillés dans le manga.
Afin de bien replacer les choses dans leur contexte, voici un rappel. En 1854, le Commodore Perry fait signer de force un traité aux Japonais, mettant ainsi un terme à 200 ans d’isolationnisme. Les événements relatés dans Chiruran se déroulent durant la majeure partie de l’époque Edo et chevauchent plusieurs ères.
Époque Edo ou période Tokugawa : 1600 à septembre 1868
–Ère Kaei : Février 1848 à novembre 1854
–Ère Ansei : Novembre 1854 à mars 1860
–Ère Man’en : Mars 1860 à février 1861
–Ère Bunkyu : février 1861 à février 1864
–Ère Genji : février 1864 à avril 1865
–Ère Keio : avril 1865 à septembre 1868
Époque et Ère Meiji : septembre 1868 à 1912
Durant l’époque Edo, le Bakufu d’Edo ou shogunat Tokugawa, un gouvernement militaire féodal, régnait sur le Japon au nom de l’empereur qui avait davantage un rôle de figurant que de décideur.
L’histoire de Chiruran commence en 1859. Puis, de bataille en bataille, l’on se retrouve à la fin du cinquième tome en avril-mai de 1863. À ce moment, le Bakufu tire à sa fin et change de nom pour Bakumatsu ou fin du shogunat Tokugawa. Durant cette période, deux factions politiques et idéologiques s’affrontaient, les pro-impérialistes Ishin Shishi (patriotes) (dont Shinbee Tanaka) et les forces shogunales (dont le Rôshi Gumi).
L’Empereur Komei Tenno rompt avec la tradition d’être un figurant au début de 1863. Face aux demandes de l’empereur, le gouvernement shogunal, le Bakumatsu, finit par plier 11 mars 1863, et émet l’édit « joi chokume » ou l’Ordre d’expulser les barbares avant le 11 mai 1863.

Cet édit met le feu aux poudres, au sens propre comme au figuré. Les batailles pro-shogun contre pro-impériaux prennent de l’ampleur et des navires marchands anglais sont même coulés par les pro-impériaux.
L’édit « joi chokume » ou l’Ordre d’expulser les barbares (principalement les occidentaux) annoncé par le shogun est un retour à la politique isolationniste précédant la venue du Commodore Perry.
Fait amusant, le terme shogun (général) est l’abréviation de seiitaishogun (grand général pacificateur des barbares). Ici « barbares » est employé pour désigner tous les étrangers et les peuples indigènes japonais.
Le tome cinq de Chiruran se conclut par le bombardement d’un navire et le retour de Shinbee Tanaka, un pro-impérial, qui désire combattre Hajime Saito, un membre du Roshi Gumi qui est pro-shogun.

Conclusion
Que d’événements!
Dans ce tome, j’ai adoré le retour des événements historiques. Malheureusement, ils n’ont pas été suffisamment expliqués à mon goût.
C’est pourquoi j’ai décidé de me pencher sur les événements historiques qui ont été rapidement abordés dans le manga sans rendre justice à la complexité politique entourant l’époque qui a vu fleurir le Shinsen Gumi.
Je salue également le magnifique travail de Eiji Hashimoto qui s’évertue à parsemer les planches de ce manga de détails complexes qui ajoutent de la profondeur et de l’ambiance à ce récit historique.
Galerie d’image
Voici quelques images de ce tome


Rappel – Réalité historique
Sans faire un portrait détaillé de la réalité historique, voici quelques faits qui vous éclaireront sur cette période.
Le récit commence en 1912 à Edo (Tokyo) avant d’effectuer une analepse (retour dans le passé) en 1859. Voici quelques faits historiques :
- En 1854 (an 7 de l’ère Kaei), le Major Perry de l’armée américaine met fin à 200 ans d’isolationnisme. (Époque Edo vers 1600-1868)
- En 1859, début de l’histoire de Chiruran (an 6 de l’ère Ansei)
- 8 février 1863 (an 3 de l’ère Bunkyù), fondation du Rôshi Gumi, puis après avoir marché sur Kyoto, le Rôshi Gumi éclate en deux groupes.
- 15 mars 1863, le Rôshi Gumi retourne à Edo, le Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu » est placé sous la tutelle du Clan Aizu
- Août 1863, le Shinsen Gumi se sépare du Mibu Rôshi Gumi .
- En 1868, Restauration Meiji (époque Meiji 1868-1912)
- En 1869, le Shinsen Gumi est dissous.
Voici quelques personnages historiques.
- Toshizo Hijikata « Démon du Shinsen Gumi, Le chien fou du Shieikan »
- 24 ans au début de l’histoire
- Membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Saito Hajime (Goro Fujita)
- 16 ans au début de l’histoire
- Ex-membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan
- Shinpachi Nagakura
- 20 ans au début de l’histoire, à la fin de l’histoire il est vivant et il a 72 ans
- Membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Ex-capitaine du 2e groupe de combat
- Soji Okita « le sabreur démoniaque »
- Membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Isami Kondo (Maitre du dojo)
- 31 ans au début de l’histoire
- Membre et maitre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Sanosuke Harada «Le faucheur »
- 19 ans au début de l’histoire
- Membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Keisuke Yamanami
- 26 ans au début de l’histoire
- Membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Eisaburô Abiru
- Membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Heisuke Todo
- 15 ans au début de l’histoire
- Membre du Dojo Tennen Rishin-Ryo Sheikan, puis du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Kamo Serizawa
- Membre du Rôshi Gumi, puis du Mibu Rôshi Gumi « loups de Mibu »
- Katamori Matsudaira
- Samouraï qui a vécu (1836 à 1893) pendant la fin de l’époque Edo et la première moitié de l’ère Meiji.
- Il a été le 9e Daimyo du clan Aizu et le Commissaire militaire de Kyoto.
- Il a vécu le Bakumatsu (où le Shinsen Gumi était responsable de la sécurité de Kyoto) et la guerre de Boshin (guerre civile opposant le gouvernement shogunal à l’empereur Meiji).
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